Le Calosome sycophante ou Grand Calosome

Calosoma sycophanta (Linné, 1758)





Systématique

Ordre des Coléoptères, Famille des Carabidae

Morphologie

Le Calosoma sycophanta ou "Grand Calosome" est un grand "Carabe" du Sud de la France mangeur de chenilles. Sa taille moyenne est de 30 mm. Il est le plus coloré des Calosomes répertoriés à ce jour ; ses élytres présentent des couleurs métalliques très brillantes (vertes, bleues, bronzées ou noires, avec des points verts ou cuivreux), dont la coloration change selon le rayonnement reçu. Malgré son aspect massif, cet insecte vole très bien, tout en étant agile et véloce, ce qui lui permet de grimper sur les arbres (pins et chênes).

Biologie

Il se nourrit, comme sa larve, de chenilles poilues nuisibles telles celles des « Disparates » nommés encore « Bombyx disparates » (Limantria dispar : Lymantriidae) se nourrissant des chènes, et des Processionnaires du pin (Thaumetopoea pityocampa : Notodontidae). C’est donc un animal très utile pour lutter contre ces ravageurs. De ce fait, il est même utilisé en lutte biologique ! Toutefois, ses populations sont en forte régression dans de nombreuses régions de France et d’Europe, du fait des pesticides, soit par effet direct sur les larves, soit par raréfaction des proies !

Toutefois, suite aux invasions des « Bombyx disparates » en 2005, dans la régions de Montpellier, ses populations furent extrêmement abondantes en mai-juin 2006, du fait d’un bon nourrissage des larves en 2005.

La larve de forme campodéïforme, peut atteindre 40 mm. Elle descend à terre pour se transformer en nymphe sur le sol et, après quelques semaines, en insecte adulte. Les adultes apparaissent en septembre puis hibernent dans le sol jusqu'aux mois de mai-juin suivants. Ce Coléoptère peut vivre 3 ans.

Distribution

Cette espèce est très largement distribuée dans toute l’Europe, remontant jusqu’en Belgique, Allemagne, voire plus au Nord. A l’Est elle est connue dans une grande partie de l’Eurasie.

Etymologie

Son nom est composé de :

Calosoma : du grec, soma = corps (cf. somatique…), calo = beau

Sycophanta

On se demande pourquoi Linné l’a prénommé ainsi en 1758. En effet, sycophante signifie à l’heure actuelle, délateur, dénonciateur, calomniateur.

Ce mot nous vient de la Grèce antique. Le sukophantês fut d'abord le dénonciateur des voleurs de figues (du grec sûkon, figue et phainen, faire voir). Puis il désigna, à Athènes notamment, celui qui formulait une accusation lorsqu'il jugeait qu’une injustice avait été commise. Il n'y avait pas de procureur et son acte était nécessaire au bon fonctionnement de la démocratie. La dénonciation permettait de rétablir l’harmonie, la paix et la concorde dans le corps civique. Elle était indissociable des principes d’une société de confiance, par opposition à l’idéal de transparence qui caractérise les démocraties contemporaines. Le terme finit par s'appliquer plus spécialement aux citoyens qui faisaient un usage abusif, voire professionnel, de l'accusation publique volontaire. Ils dénonçaient les citoyens riches afin d'obtenir une part de leurs biens. Hypocrites et fourbes, ils étaient des propagateurs de rumeur et des voleurs par procuration.

Notre sensibilité est à juste titre heurtée par de telles pratiques. On ne peut s'empêcher de penser, en écho, aux dénonciations abusives de notre époque, notamment à celles qui eurent lieu pendant la guerre de 39-45. Un trop beau mot pour un sale boulot.

Autre espèce de la région

Il existe également le Calosome à points jaunes (Calosoma maderae distingué ou non, selon les auteurs, de C. auropunctatum), 25 - 26 mm, doté de trois rangées de points dorés sur chaque élytre noire. Il chasse les chenilles sur le sol et vit dans les cultures marachères, les champs de luzerne, les friches.









Jean-Marc ELOUARD, avril 2007